Fanny et Alexandre à la Comédie Française
Fanny et Alexandre entre au répertoire de la Comédie-Française. Julie Deliquet propose une adaptation inédite du (long) chef d’oeuvre cinématographique d’Ingmar Bergman. L’histoire est celle de Fanny et Alexandre Ekdahl, deux enfants d’une famille d’artistes, de comédiens. Après la mort de leur père, la mère de Fanny et Alexandre se remarie avec un évêque qui leur fait subir une véritable descente aux enfers.
Réalité ou fiction ?
Deux parties, deux ambiances. Julie Deliquet signe une mise en scène d’une étonnante originalité. Dès les premières minutes, on ne sait ce qui est de l’ordre du réel ou de la fiction. Denis Podalydès et Elsa Lepoivre nous parlent de théâtre. Sont-ils déjà dans leurs personnages ? Distingue-t-on la réalité de la fiction ? Cette mise en abyme interpelle. « Dans mon travail d’investigation lors des répétitions, je suis tout autant obsédée par les acteurs de la Comédie-Française que par ceux du clan Ekdahl » précise Julie Deliquet. « Sans le réel, de toute façon, la fiction ne m’intéresse pas » ajoute-t-elle.
Dans cette histoire de famille, le public est plongé dans l’intimité des Ekdahl, au beau milieu d’un repas de Noël festif. Le décor est d’abord celui d’un théâtre, celui de la Comédie-Française. A la mort du père (Denis Podalydès) tout bascule. Il succombe en récitant un passage d’Hamlet. Hurlements, le rideau se baisse.
Descente aux enfers
Dans la deuxième partie du spectacle, loin de la mise en abyme, surgissent les fantômes et plus terribles peurs de la famille Ekdahl. La scène est transformée en intérieur austère et froid. Fanny et Alexandre sont jeunes, contraints de rester enfermés dans une chambre chez leur lugubre beau-père, un évêque puritain. Dans cet intérieur glauque, ils se racontent des histoires d’esprits venus hanter les lieux. Le beau-père les maltraite, les humilie, les bat. S’en suit une confrontation entre le clan des Ekdahl et des Vergerus, la famille de l’évêque. Cette descente aux enfers est d’un réalisme brutal. Le jeune Jean Chevalier (Alexandre) est épatant. Les comédiens du Français sont d’une justesse prodigieuse. Cette adaptation qui mêle les éléments du film à ceux du roman, est un véritable hommage au « testament » de Bergman. A voir absolument salle Richelieu.
Fanny et Alexandre de Ingmar Bergman
Mise en scène de Julie Deliquet
Jusqu’au 16 juin à la Comédie Française