Les beaux : presque parfait
Les Beaux : un homme et une femme vivent sous nos yeux un amour parfait, entre week-ends au ranch et bals somptueux. Mais leur beauté a quelque chose de lisse, leurs mots sonnent étrangement faux, et pour cause : cet homme et cette femme…
Léonore Confino nous a déjà bluffé par la délicatesse de son écriture (dans Le Poisson Belge) et sa manière puissante de décortiquer les émotions et les passions (c’était le cas dans Parlons d’autre Chose). Dans ses textes, elle fait ressortir l’enfant qui est en nous. Elle fait appel à l’imaginaire et peint pourtant si bien la réalité. Dans Les Beaux, nous sommes face à un monde d’apparence idéal, un couple dans lequel rien ne dissonne. La perfection ne dure que quelques minutes, on s’aperçoit très vite que Léonore Confino nous a amené dans l’imaginaire d’une enfant. Une enfant qui joue avec deux poupées, Barbie et Ken, à travers lesquels elle voit ses propres parents.
L’idée est excellente : faire cohabiter le monde imaginaire d’un enfant et la cruauté du monde réel. Les comédiens, Elodie de Navarre et Emmanuel Noblet, sont bons dans leurs rôles schizophréniques (les amants parfaits d’un côté, le couple torturé de l’autre). La pièce aborde de nombreuses problématiques : la difficulté de l’enfance, le baby blues d’une maman, le burn-out d’un père, la surconsommation des écrans… On assiste à la descente aux enfers d’un couple de milieu plutôt aisé que rien ne prédisposait à cela.
La mise en scène est simple : d’abord un intérieur aseptisé, puis petit à petit un décor qui joue sur la construction/déconstruction. Le décor qui se déconstruit évoque vite le chaos d’une famille.
Malgré tous ces ingrédients pour une recette presque parfaite, quelque chose ne fonctionne pas. On ne retrouve pas dans cette pièce la sensibilité du Poisson Belge ou les envolées lyriques de Parlons d’autre chose. La mayonnaise prend difficilement. On s’attache finalement peu à ces personnages qui semblent presque caricaturaux. La pièce est courte (environ 1h15) mais les discussions de couple paraissent interminables. Dans notre imaginaire, on attendait Les beaux de Léonore Confino comme la révélation de cette rentrée théâtrale, mais la réalité en a voulu autrement. A voir tout de même !
Les Beaux de Léonore Confino
Mise en scène de Côme de Bellescize
Avec Elodie Navarre et Emmanuel Noblet
Décor : Camille Duchemin
Costumes : Colombe Lauriot-Prévost
Lumière : Thomas Costerg
Son : Lucas Lelièvre