Venise n’est pas en Italie : un voyage poétique
Emile a quinze ans. Il vit à Montargis, entre un père doux-dingue et une mère qui lui teint les cheveux en blond depuis toujours, parce que, paraît-il, il est plus beau comme ça. Quand la fille qui lui plaît plus que tout l’invite à Venise pour les vacances, il est fou de joie. Seul problème, ses parents décident de l’accompagner en caravane…
Lieu : Théâtre des Béliers
Dates : Jusqu’au 14 janvier
Ecriture et mise en scène : Ivan Calbérac
Avec : Thomas Solivérès
Des rêves plein la tête
Dans l’obscurité, un bureau. Sur ce bureau, un garçon à la gueule d’ange écrit son journal intime à la plume, au Waterman même. Emile (Thomas Solivérès) a tout juste 15 ans et des rêves plein la tête. Ce sont ces rêves qu’il rédige chaque jour à l’encre et qu’il nous raconte. Emile est en 1ère, il a un an et demi d’avance. Enfant précoce, romantique introverti, de son jeune âge Emile croit en l’amour avec un grand A. Lorsqu’il voit Pauline pour la première fois, entre deux parties de ping-pong, son coeur s’emballe. Il la croise à la récré, puis dans une salle de cinéma devant un film de Charlie Chaplin. La vie d’Emile va changer lorsque Pauline l’invite à Venise la voir jouer du violon : lui et sa famille mettront tous leurs moyens pour honorer, coûte que coûte, ce rendez-vous amoureux.
Avec une dextérité puissante, Thomas Solivérès entre dans la peau d’une dizaine de personnages. Parmi tous ces rôles il y a ses parents, un peu beaufs mais attachants, son frère le gros dur au coeur tendre, la douce Pauline et sa mère dépressive à la voix rocailleuse, ou encore une guichetière italienne méprisante. C’est un comédien au jeune âge mais à la maturité immense qui nous livre une performance d’acteur incroyable.
A la première lecture du texte, Ivan Calbérac avait dégoté son Emile : « j’ai assisté à ce moment de grâce si particulier où un acteur rencontre un personnage. Thomas devenait Emile, Emile était Thomas. » déclare l’auteur et metteur en scène. Et c’est réussi, le rôle du gamin idéaliste et lunaire, Thomas Solivérès l’endosse à merveille.
Standing ovation pour ce voyage en italie
Ivan Calbérac nous embarque dans une traversée romantique et fantastique, de Montargis à Venise. Son texte, comme sa mise en scène, son teintés de poésie. Emotions, rires et larmes : tout y est. On s’attache à ce jeune garçon sensible, ému aux larmes lorsqu’il voit que ses parents donneraient tout pour lui, fou de joie au moindre regard de celle qu’il aime, soucieux de faire des mauvais choix (dont celui d’avoir choisi, pour son premier rencard, des chaussettes trouées). Et on suit avec plaisir ce périple familial sur fond de musique italienne des années 80.
Dans la salle, il y a toutes les générations, jeunes et plus vieux sont unis dans le rire et dans l’émotion. La force de cette pièce, c’est de faire l’unanimité. Standing ovation pour Thomas Solivérès et Ivan Calbérac, la poésie du texte et l’excellence du jeu ont conquis le public. C’est un voyage en Italie qui vaut largement le détour.
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