Le Moche de Marius Von Mayenburg
Le charmant Studio-Théâtre de la Comédie Française accueille Le Moche, pièce de Marius von Mayenburg. L’histoire suit Lette, un ingénieur talentueux mais jugé trop laid pour représenter son entreprise, qui décide de subir une opération de chirurgie esthétique. Ce choix entraîne des conséquences inattendues, révélant une société obsédée par l’image et la superficialité.
Quête de la beauté
Il y a des airs du Substance de Coralie Fargeat dans cette pièce de Marius von Mayenburg et dans sa mise en scène. Quand le brillant ingénieur Lette apprend que c’est son assistant qui est choisi pour présenter au grand public son connecteur de courant fort, il ne comprend pas. Pourtant, pour sa femme et son patron, c’est une évidence : sa laideur est telle qu’il ne pourra jamais vendre ses produits. Dans une quête absolue de la beauté, Lette décide donc tout simplement de changer de tête. À coups de marteaux chez un chirurgien esthétique déluré (qui joue aussi le rôle du patron), il transforme l’intégralité de son visage et devra faire face à une toute nouvelle réalité. Un monde où il est tellement envié et désiré que son visage devient un objet de convoitise universelle.
Dystopie
Dans cet univers dystopique et au coeur d’un décor chirurgical, Le Moche dénonce l’absurdité d’un monde obsédé par la perfection et la standardisation. « Comme chez Kafka, la transformation physique de Lette sert à révéler une autre métamorphose : celle, plus inquiétante, de la société qui l’entoure. » précise le metteur en scène Aurélien Hamard-Padis. On rit beaucoup de cette fresque à la fois dramatique et grotesque. Thierry Hancisse est époustouflant dans le rôle de Lette, Jordan Rezgui incarne à la perfection le patron déshumanisé et le chirurgien fou, Sylvia Bergé est épatante dans son rôle de femme de Lette et Thierry Godard déborde de charisme.
À la fois drôle et déroutante, Le Moche séduit par son humour acide et offre une réflexion grinçante sur l’obsession de l’apparence et l’identité.
Le Moche jusqu’au 4 mai au Studio Théâtre de la Comédie Française
de Marius von Mayenburg
mise en scène Aurélien Hamard-Padis
avec Thierry Hancisse, Sylvia Bergé, Jordan Rezgui, Thierry Godard
Photo : Vincent PONTET
