La Locandiera de Goldoni : une comédie éclairée
Un vent d’Italie souffle sur la salle Richelieu, qui accueille la Locandiera de Carlo Goldoni avec une mise en scène d’Alain Françon. Pièce la plus connue de Goldoni (un amoureux de Molière, inspiré des Lumières), la Locandiera est un texte à plusieurs visages, l’un des premiers à donner ce rôle principal à une femme de caractère.
Equation amoureuse
Mirandolina (Florence Viala) est une femme très convoitée. Patronne d’une auberge (locandiera), elle est courtisée par de nombreux visiteurs : le Marquis ruiné de Forlopopoli (Michel Vuillermoz), le Comte d’Albafiorita (Hervé Pierre) qui la couvre de cadeaux et aimerait l’acheter comme il s’est acheté son titre de Comte. Puis débarque à l’auberge le Chevalier de Ripafratta (Stéphane Varupenne), un homme détestable qui éprouve surtout une haine profonde envers les femmes. Sa misogynie sans complexe attire Mirandolina. Elle va tenter de le courtiser, suscitant les jalousies de ses autres prétendants dont celle de son valet, Fabrizio (Laurent Stocker). Au beau milieu de cette équation amoureuse, deux comédiennes passant par là se font passer pour des bourgeoises (Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Clotilde de Bayser).
La Locandiera, une comédie éclairée
C’est une pièce assez peu connue que nous présente la Comédie-Française. Carlo Goldoni signe une bonne farce, une comédie dans laquelle il met en garde les hommes contre les vices des femmes. D’autres liront de la modernité dans ce sujet : une femme libre, patronne de son auberge, qui montre qu’elle veut s’émanciper du désir de l’homme. Une femme séduisante mais indépendante et rusée. Mirandolina est une des premières en son genre à faire apparition dans la comédie italienne. C’est un texte à deux lectures, donc. Une comédie éclairée.
Côté décor, la sobriété est de rigueur. On se croirait dans un tableau de Pierro Della Francesca, le décor joue d’architecture et de profondeur. Les couleurs rappellent celles de la Renaissance italienne. En définitive, la Locandiera est un plongeon dans l’Italie du XVIIIeme siècle, et l’immersion est réussie. La farce l’est tout autant.
La Locandiera de Carlo Goldoni
mise en scène par Alain Françon
avec la troupe de la Comédie-Française
Florence Viala, Coraly Zahonero, Françoise Gillard, Clotilde de Bayser,
Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hervé Pierre, Stéphane Varupenne,
Noam Morgensztern
et le comédien de l’académie de la Comédie-Française
Thomas Keller
