Dans l’intimité de Karine Dubernet
Karine Dubernet et Carole Greep signent « Souris pas », le troisième seule-en-scène de la comédienne, sur une mise en scène de Philippe Awat. Une introspection aussi subtile que réjouissante.
A coups de flash-back, Karine nous raconte son histoire depuis sa naissance, en 1974. D’un père arménien dont elle ne sait pas grand chose d’autre, et d’une mère fumeuse invétérée qui aurait préféré avoir un chien qu’une fille. Dans un numéro énergique, elle livre ses premières pensées féministes, se demande pourquoi Marie-Madeleine nettoie les pieds de Jésus avec ses cheveux, ou pourquoi victime est au féminin quand bourreau est au masculin. Elle se crée des amis imaginaires, parle à son poster de la championne de tennis Martina Navratilova, rêve de ne plus jamais avoir honte. On lui impose des modèles hétérosexuels et des barbies bimbos, elle y oppose son caractère bien trempé. Elle rêve de devenir comédienne mais ne rentre pas dans le moule, alors elle sera clown un temps, histoire de rendre la réalité un peu plus comique.
Anticonformisme
Avec simplicité, son spectacle, plus proche du récit autobiographique que du comique de scène, aborde un certain nombre de sujets actuels. De l’acceptation de soi à la peur de la honte, du droit à la différence à l’anticonformisme. Elle y parle sans complexe des déboires de l’adolescence, du féminisme et de l’homosexualité. Le tout sur une mise en scène simple et originale, rythmée par une chronologie cadencée.
En incarnant une multitude de personnages avec aisance et dextérité, Karine Dubernet jongle avec les mots et les attitudes sans la moindre difficulté. Sa bonne copine Dounia au grand coeur mais un peu racaille sur les bords, sa mère désabusée à la voix rauque et rongée par la cigarette ou encore « Patafouf », son collègue clown qui fait fuir les enfants en gonflant des ballons avec son appareil respiratoire. Par intermittence, elle voit ses acolytes imaginaires, de la Barbie à l’accent allemand à la tenniswoman dure à cuire. Puis de cette longue introspection issue d’un coma éthylique, elle se réveille, sourire aux lèvres.
Karine Dubernet dans « Souris Pas »
Texte de Karine Dubernet et Carole Greep
Mise en scène de Philippe Awat
Dimanche et lundi à 21h15 au Point Virgule