Dans le jardin de l’Ogre

L’adaptation du roman Dans le jardin de l’ogre de Leïla Slimani à la Scala Paris frappe par la force de son texte. Fidèle à la noirceur et à la tension intérieure du récit original, la pièce explore sans détour les abîmes du désir et de la dépendance, avec une écriture brute et lucide qui conserve toute sa puissance.

Au cœur du récit, Adèle, une jeune femme en apparence bien intégrée dans une vie bourgeoise – mariée, mère, journaliste – mène une double existence dominée par une sexualité compulsive. Le roman, tout comme la pièce, donne à voir cette spirale autodestructrice avec une grande frontalité, sans jamais tomber dans le pathos. L’histoire interroge les limites du libre arbitre, le poids des normes sociales, et le gouffre d’une solitude que ni l’amour ni la stabilité ne parviennent à combler.

« Les enfants aiment avoir peur et c’était aussi ce sentiment que je voulais essayer de raconter, cette espèce d’attraction que nous adultes avons oubliée pour le côté sombre, pour les sorcières, pour l’ogre. » Leila Slimani 

Sur le plan scénique, la mise en scène propose des moments de grande intensité, mais peine parfois à maintenir un rythme soutenu. Quelques longueurs se font sentir, affaiblissant l’impact émotionnel du propos. Le jeu des comédiens, quant à lui, oscille entre justesse et maladresse, alternant des scènes très réussies avec d’autres moins convaincantes.

Malgré ces déséquilibres, le spectacle reste une proposition forte, servie par un matériau littéraire dense et une volonté manifeste de provoquer, déranger, faire réfléchir. Une expérience troublante, qui ne laisse pas indifférent.

Written by CharlotteHenry
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