Belles de nuit : un joyeux bordel

L’histoire des Belles de nuit, c’est celle de ces femmes dont l’avenir s’est décidé sur une loi. En 1946, la loi Marthe Richard abolit le régime de la prostitution et ferme les maisons closes. Nous sommes ici en plein coeur de Paris (on se croirait pourtant devant les vitrines rouges d’Amsterdam), dans l’intimité de Jacote, Lucienne et Jeanne. Ce spectacle musical signé Jonathan Kerr nous transporte dans une autre époque. 

Les belles de nuit ont des rêves

Dans ce monde de la nuit, les lumières rouges éclairent le plateau. Les trois belles se tiennent là, debout, chacune devant une vitrine. De leur regard charmeur et malicieux, elle ennivrent le public. Nuit et jour, ici elles vendent de l’amour. Mais quel monde les attend si les maisons closes n’ont plus le droit d’exister ? Quel avenir peuvent-elles espérer sans leur protectrice Yvonne, la tenancière du lieu ? Les belles de nuit ont des rêves, des espoirs et des désirs. L’une est encore une gamine naïve, l’autre a vécu mille vies et côtoyé les plus grands hommes. Toutes vont devoir se résoudre à la disparition de ce qui rythme leur vie, à la fin de ce qui mettait un cadre dans leur quotidien. C’est une histoire émouvante, un plongeon dans une époque qui paraît si lointaine, avec ses codes et ses croyances. 

Rythme, justesse et musicalité 

C’est un spectacle dont on doit l’écriture et la mise en scène au compositeur Jonathan Kerr et à la chanteuse Bénédicte Charpiat. Exercice difficile que de mettre en musique de telles histoires et un sujet si complexe. On aurait vite fait de tomber dans la caricature ou dans l’obscène. Et pourtant, le défi est relevé avec beaucoup de talent. Rythme, justesse (petit bémol sur le solo de Jacotte, peut-être un peu trop ambitieux!) et musicalité sont le fil conducteur de ce moment de théâtre. On s’attendrit de l’histoire de ces jeunes femmes, emportés par l’orchestre jazzy qui les accompagne. On se laisse transporter tant par les vacillements des corps et la clarté des accords que par l’histoire touchante de ces femmes dont le destin n’est plus maîtrisé.  

Belles de nuit mis en scène par Jonathan Kerr
Avignon Off au Théâtre de la Luna à 19h50 
Avec Bénédicte Charpiat, Alyzée Lalande, Audrey Rousseau, Sarah Tullamore, Jonathan Kerr, Laurent Delaveau, Jean-Yves Dubanton, Laurent Zeller

 

Written by CharlotteHenry
J'écris et je tweet (beaucoup) à mes heures perdues ! ;-)