Le Discours de Fabcaro avec Simon Astier
Adapté et interprété par Simon Astier d’après le roman éponyme de Fabcaro, Le Discours revient au Théâtre de la renaissance après son succès au Théâtre Michel. Le sujet est simple : le beau-frère d’Adrien lui demande s’il peut faire un discours pour le mariage de sa soeur. Dans un soliloque hors du commun, Simon Astier fait rire autant qu’il surprend.
Adrien a 40 ans. Cette année, sa soeur se marie avec Ludo. « Tu sais, ça ferait très plaisir à ta soeur si tu faisais un petit discours pour la cérémonie » lui lâche Ludo en plein repas de famille. Adrien pense tout haut en observant cette famille en apparences normales mais tout en dysfonctionnements. Il observe le porte-serviette en forme de sapin qu’il a fabriqué trente ans auparavant en cours de technologie. Sa mère n’a-t-elle jamais osé lui dire qu’il ressemblait à un sexe ? Ou est-ce que toute sa relation mère-fils est basée sur un non-dit, une sorte d’hypocrisie longue durée ? Un peu comme quand sa soeur lui offre chaque année une encyclopédie alors qu’il ne s’y intéresse pas du tout. Ce repas de famille s’annonce très long. D’autant plus qu’Adrien n’a qu’une chose en tête ce soir : que Sonia, sa copine qui a souhaite faire « une pause », réponde à son SMS. Et rien d’autre. Que va-t-il bien pouvoir raconter pendant son discours ?
Repas de famille
Le Discours, c’est l’histoire un peu banale d’une famille aimante mais dans laquelle personne ne s’écoute. C’est aussi l’histoire d’un mec de quarante ans un peu déprimé sur les bords, qui se demande bien ce qu’il va pouvoir raconter pendant « le discours ». Adrien ne grandit pas vraiment, il vieillit avec une forme d’effronterie qui confine à l’adolescence. Dans ce repas de famille, il est seul dans sa tête, ce qui est d’ailleurs parfaitement bien représenté par la mise en scène de Catherine Schaub. Au coeur d’un décor chaleureux, Simon Astier est l’acteur de sa propre solitude. Avec un talent exemplaire, il parvient à nous faire imaginer ceux qui l’entourent : le dîner en famille, la soirée arrosée du mariage, sa rencontre avec Sonia en boîte de nuit. Sa désinvolture fait rire, ses sursauts d’espoir de reconstruire sa relation ramène chacun à des souvenirs. Le texte est assez fin, la situation est cocasse, le jeu de Simon Astier est prodigieux.
Dans la majestueuse salle du Théâtre de la Renaissance, le public est conquis. Belle prouesse de comédien que cette interprétation originale du texte de Fabrice Caro. Ajoutons à cela une mise en scène efficace, une scénographie chiadée et une atmosphère musicale harmonieuse, et le tour est joué.