Le dernier cèdre du Liban au théâtre de l’Oeuvre
Après le succès des Poupées persanes, Aïda Asgharzadeh signe Le Dernier Cèdre du Liban, un spectacle bouleversant autour de la transmission, de l’héritage familial et du lien mère-fille. On y écoute l’histoire d’Eva, adolescente placée en centre pour mineurs, qui découvre des cassettes audio laissées par sa mère, photo-reporter de guerre décédée tragiquement. À travers ces témoignages liés aux grands événements historiques – guerre du Liban, chute du Mur de Berlin, discours d’Arafat – le spectacle interroge l’identité, la résilience et la quête de soi.
« À l’heure où la planète brûle, où les explosions grondent, où l’éthique journalistique vacille partout, il me semble essentiel de mettre ce métier en lumière à travers ce qui nous unit tous : l’émotion » : Aïda Asgharzadeh puise l’origine de Le Dernier Cèdre du Liban dans son rêve d’enfance de devenir reporter de guerre. La mort de la photojournaliste Camille Lepage l’a notamment inspirée : pourquoi risquer sa vie pour une information souvent reçue sans attention ? Cette question devient le moteur de son écriture. À travers le personnage d’Anna, photo-reporter intense et fragilisée, elle interroge le poids du devoir de témoignage, l’impact psychique des conflits et la fracture entre vocation et maternité. Une écriture née de l’urgence de transmettre, et de la conviction que l’émotion peut rétablir le lien entre ceux qui voient et ceux qui regardent.
Petit bémol dans ce spectacle dont on attendait beaucoup, le jeu des comédiens manque parfois de retenue et tend à surcharger les émotions. Notons néanmoins la performance bluffante d’Azzedine Benamara (Tahar) : une interprétation de multiples personnages, toujours juste et maîtrisée, apportant une réelle force à la pièce. Malgré une mise en scène ingénieuse et rythmée, l’histoire peine parfois à convaincre, certains ressorts dramatiques semblant s’éloigner du vraisemblable.
Si l’adhésion n’est pas celle des (excellentes) Poupées persanes, le Dernier cèdre du Liban est néanmoins un spectacle intense, émouvant et parfaitement mis en scène.
Avec Magali GENOUD, Maëlis ADALLE, Azeddine BENAMARA
Mise en scène Nikola CARTON
Lumière et Scénographie Vincent LEFÈVRE, Création Sonore Chadi CHOUMAN


