Kids de Fabrice Melquiot, la rage de vivre
Kids est le résultat du travail de Fabrice Melquiot sur le conflit yougoslave. Ce puissant récit raconte le quotidien de 8 orphelins entre 1992 et 1994 pendant le siège de Sarajevo. Mis en scène par François Ha Van, Kids est un spectacle aussi riche et actuel qu’organique.
Quête de liberté
Le son d’une allumette qui craque. Une flamme éclaire leurs visages. Ce sont des adolescents, pour certains même, encore des enfants. Ces huit « kids » vivent dans la pire des tragédies. Leur quotidien, c’est la mort. Ils ont perdu leurs parents, leurs frères et soeurs, leurs amis. Ils ont pourtant la rage de vivre. Ils sont l’image d’une enfance détruire par la guerre dans une ville en ruine. Serbes, bosniaques, musulmans, ces enfants au langage cru et à la violence presque viscérale ont en commun leur désir d’avenir. Ils n’ont connu que la guerre et vont pourtant vivre la fin du siège, que vont-ils faire de leur liberté ? Ils rêvent de chanter, de traverser les frontières ou de se maquiller comme leurs idoles. Ils n’ont pas de repères mais ont appris à vivre ensemble, dans un quotidien qu’ils se sont construits. Ce récit est celui, magnifique, d’une quête de vie et de liberté.
Dans les entrailles de la guerre
La mise en scène de François Ha Van est remarquable. Dans cette intimiste salle qu’est la Picdola Scala, on est comme en immersion dans le quotidien de cette ville bombardée. On rentre dans l’intimité, parfois si réaliste, de ces jeunes tiraillés entre la naïveté de l’enfance et leur tragique réalité. Le travail scénique est exceptionnel : on est transporté par ce récit autant que par l’ambiance créée par la mise en scène. C’est presque organique : le travail de la lumière, des corps et des sons transporte le spectateur dans les entrailles d’une ville en guerre. Si la thématique abordée est très pesante, il demeure quand même dans ce spectacle un vent de légèreté. Avec humour et en musique, ces enfants vivent, dans la guerre, leurs premiers amours. La guerre les a unis, et ils vont devoir apprendre à vivre sans.
C’est un spectacle d’autant plus puissant qu’il est actuel. A voir absolument.