Gros Câlin : la solitude vue par Romain Gary, au Ciné XIII

GROS CÂLINS DE ROMAIN GARY | Ciné XIII
Mise en scène par July Roux | du 10 au 28 janvier
Avec Etienne Durot et Yanal Zeaiter

Gros Câlin est un livre de Romain Gary, publié en 1974 sous son pseudonyme Emile Ajar. Il raconte l’histoire de Monsieur Cousin, statisticien tourmenté par la solitude. Une solitude qu’il va combler en tomber amoureux de Gros-Câlin, un python capable de l’enlacer dans une étreinte puissante.

Monsieur Cousin (Etienne Durot) vit seul avec son animal de compagnie hors du commun, un python de plusieurs mètres de long, ramené à l’occasion d’un d’un voyage organisé en Afrique. De nature plutôt asocial, avec une attitude relevant presque de l’autisme, M.Cousin est également obsédé par Madame Dreyfus, sa collègue de travail. 

L’histoire racontée par Gary est assez simple, en apparence. C’est celle d’un homme seul et incompris. Le récit comporte en réalité plusieurs niveaux de lecture, et à la force de ce texte s’ajoute ici la complexité d’une mise en scène bien ficelée. M. Cousin est un personnage difficile à comprendre, rongé par la solitude, en pleine rupture sociale et envahi par un désir sexuel inassouvi. Le désir d’aimer et d’être aimé. Dans le réconfort qu’il trouve avec son Python, la métaphore sexuelle est évidente. « Grand amateur d’orifices en tout genre », Gros-Câlin se retrouve même par mégarde dans les parties intimes de la voisine.  Madame Dreyfus représente par ailleurs un fantasme qui alimente les multiples digressions du personnage principal. Perdu dans ses pensées, entre rêve et réalité, M. Cousin tutoie la Folie. 

La mise en scène de July Roux donne corps à un texte déjà puissant. La présence sur scène du musicien Yanal Zeaiter amène une touche de légèreté et de poésie. Les passages musicaux évoquent comment des songes, des rêves de M. Cousin. July Roux ajoute au texte original un niveau de lecture, dans une mise en scène qui fait écho à la richesse et à la complexité du personnage de M. Cousin. Les éléments de mise en scène comme ceux du texte vont crescendo. Le final, un monologue d’une incroyable intensité scénique, nous laisse bouche-bée. On ressort de cette pièce avec une seule envie : dévorer ce texte peu connu de Romain Gary.

Written by CharlotteHenry
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